Le clou

Un clou est planté là, il soutient un dessin très précis, soigné, représentant une voûte d’un bâtiment. Le cadre est fin en bois verni sombre. Il semble être là depuis très longtemps. Le papier peint est épais et granuleux. Puis on range le tableau à la cave. On oublie le clou qui lui reste encore ancré dans le mur. 

Un jour, on se décide à peindre la pièce en orange brique comme la grande armoire des arrières grands parents.

Un jeune garçon s’installe quelques années dans cette chambre. Il est dans une école de cinéma, sa sœur vient le voir souvent. Elle dessine des insectes au stylo sur son mur. Il y en a plusieurs marqués autour du clou. Il fume des cigarettes régulièrement. Avant lui, d’autres personnes de passage sont venues vivre ici.

La peinture du mur vieillit, se ternie. La couleur orangée est devenue terre, presque marron. 

Une odeur désagréable s’est incrustée dans le papier. 

L’espace est de nouveau inoccupé. Une jeune femme s’installe quelques temps, dans les premiers temps elle aime bien la couleur orangée de la pièce. Puis elle se lasse et décide de rénover cette chambre. Après tout, c’est la sienne à présent. Le changement l’amuse. Elle pense qu’elle pourra faire ce travail elle même.  Elle achète deux pots de peintures. Elle choisit longuement la teinte. Le mélange afin d’obtenir la teinte voulue est fait dans un magasin spécialisé par un conseiller. Elle fini par acheter un pot dont la peinture est écrue. Un autre rose bonbon. Elle est encore par moment une enfant. 

Á peine rentrée elle arrache le papier de ses mains. Il s’enlève facilement. Le clou bouge légèrement, son trou s’est agrandi. Le papier peint est abîmé, il gondole par certains endroits qui ont pris l’humidité. La pièce est grande, son enthousiasme est vite retombé. Elle abandonne et vit plusieurs mois dans cet endroit où le papier est en partie enlevé. On peut voir sur quelques passages où sa main inattentive s’est trouvée brusque ou maladroite, le plâtre nu qui s’effrite et tombe par petits morceaux lorsqu’on le touche. Le clou oscille un peu, comme il manque des bouts de mur, son espace s’est élargi.  Mais la jeune femme reste indifférente. L’envie de tout remettre à neuf lui est passée. De temps en temps, elle porte son regard sur l’espace nu et frissonne.

Elle contacte quand même bientôt les propriétaires pour se plaindre de l’état de sa chambre. Des ouvriers sont engagés pour repeindre la chambre. Les murs oranges sont à présent blancs. Les creux dans le mur sont comblés. Ils n’ont pas besoin d’enlever le clou. Il tombe et reste coincé entre des lattes du parquet un peu trop espacées l’une de l’autre, il garde sur lui de la poussière de plâtre, un peu d’orange et de blanc. 

Mette et les nénuphars

Mette voit les nénuphars comme des champs. Des nénuphars comme des îlots. Elle les voit comme des dunes.

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Un chat haret qui est un chat qui a toujours vécu à l'état sauvage et qui ne s'approche pas des hommes, suit des yeux les déplacements de Mette et de son chat domestiqué. Mette pense qu'un chat à taille de panthère devrait être intéressant à apprivoiser.

 Depuis les branches elle scrute, jouant avec les imperfections et les apparences des reflets à la surface de l'eau. Des miroitements comme des facettes colorées.

 Mette se décide à entrer dans le lac. Elle enjambe la rive pour se poser sur l'un des nénuphars géants le plus proche. La plante grasse se plie, s'enfonce légèrement et aidée par le courant, sa tige finit par se couper du sol. Mette flotte assise sur le nénuphar et dérive avec lui. 

 L'eau venant des montagnes alentours ruisselle. Des bougies descendent les rivières.

Le rituel. Des bougies dans des coupelles en papier. Chacun regarde sa bougie descendre vers la mer comme une barque blanche ou colorée. Les lumières vont vers la mer sans se noyer dans l'eau, certaines disparaissent bien avant, comme meurt un souhait. Ce sont les voeux flottants. Des étoiles s'étalent sur la nuit. Mette accroche la tige de son nénuphar au bateau. Elle allume sa propre bougie et une autre pour Emile et les pose dans les paniers de papier. Sur la rivière des parfums. Le bateau est immobile. Les petites barques de papier sont déposées sur l'eau. Elles flottent au gré des courants. Mette suit sa bougie des yeux. Ses sentiments changent, muent, les équilibres de ses envies se font et se défont. Il est tard dans la nuit, toutes les lumières qui étaient comme des veilleuses se sont éteintes. Mette est endormie, Emile lové contre son cou.

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Emile saute sur le rivage et voit un chat à l'étrange pelage qui lui rappelle d'autres félins que ceux de son espèce. C'est un chat marbré. Ils procèdent selon la coutume des félins.

Petits jeux entre eux que Mette ne comprend pas bien. Le chat marbré entraine Mette et Emile dans les arbres des montagnes.

Il fait frais dans le jardin, Mette est descendue par le balcon de sa chambre pour ne pas perdre des yeux Emile. Il rôde car c'est la tombée du jour, il avance entre herbes de la pelouse tondue, se faufile sous un des buissons qui encadrent le jardin. C'est fini/ à présent, Mette ne le voit plus, il s'est enfui. Elle hésite, regarde encore vers la fenêtre de la chambre de ses parents. Elle veut le suivre, où s'en va t'il chaque nuit.

Autour de sa maison, ce sont des champs, la nature se densifie. Mette avance avec précaution.

Elle ouvre grand les yeux et fixe au hasard pour percer la pénombre, après un moment, elle



Equilibre

griffe

enfermement

le chat en hauteur

à moitié visible

il nous observe, et il pense qu'on ne le voit pas !



Il y a un petit chat qui ronronne et qui miaule parce qu'il ne sait pas choisir.

Maintenant tu dois apprendre à choisir, tu ne peux pas faire les deux à la fois.

Il y a trop d'émotion, il ne se gère pas.

La fille doit se faire une griffe et un bleu



Chemins en se faisant croire

à demi-mot vague

faire semblant en équilibre

brouiller les pistes trouble

impression sur la peau imaginaire. Imaginer, s'inventer

penser à faire l'inventaire désenchantement

migration se réveiller la nuit

lâcher prise couper les cordons / avoir un doute

maîtrise chasse gardée

prendre des appuis fontaine

en nage libre fermer les yeux

s'échauffer traverse des petits lacs

recroquevillé entrelacs

armures / camouflage / reflets /iriser refuge