Mater.

Mater è la pietra lavica che scivola verso il mare.

Mater è il paesaggio irregolare, bizzarro che torna nei miei sogni.

Mater è la meraviglia dei luoghi che non conosco.

Mater è la donna che ho sognato, toccato, amato, fuggito.

Mater è l’elogio della lentezza, così in contrasto col mondo che mi circonda.

Mater è la natura, che amo e che temo.

Mater è la mia anima, la trascendenza che non riesco a raccontare a nessuno.

Mater è il ricordo del grembo che mi ha abbandonato, di cui ho perso ogni traccia.

Mater è il pensiero di tutti i desideri, i rimpianti, i successi e le sconfitte.

Text by Claudio Capanna


 

Mater (vendu)

Diptyque

photo et dessin à l’encre de Chine

42x60

 

Mater (vendu)

Diptyque

photo et dessin à l’encre de Chine

42x60

 

Mater

Diptyque

photo et dessin à l’encre de Chine

42x60

 Peinture Fraîche 11/10/18 - 03/11/18 

«Quand l'Esprit flottait sur les eaux, sur les eaux sans roseaux, sans nénuphars, sans libellules, sansmartins-pêcheurs, sans planctons, j'étais et je n'étais pas.» 

Jean Genet-J'étais et je n'étais pas 

C'est une histoire d'engendrement avant tout. Avant tout. Avant moi, il y a ma mère. Avant nous, il y a la terre. 

Depuis plusieurs années déjà, le photographe et cinéaste italien Claudio Capanna (1980) est fasciné par la relation que nous entretenons avec la nature et son aspect organique. Mater se situe dans le prolongement de son long-métrage documentaire intitulé Life to Come (sorti en 2016) qui se concentrait sur l'histoire de la naissance et de la lutte pour la survie de deux jumeaux prématurés. 

Mater se concentre sur la figure de la femme en tant que part de la nature, prise dans celle-ci, comme se confondant en elle, évoluant d'un semblant d'harmonie première jusqu'au malaise. Pierre devient mer, mer devient paysage, paysage devient corps, corps se rêve et se métamorphose... Mater nous ramène à l'essence des choses et nous transporte dans un lieu indéfini où l'organique s'entremêle avec le minéral. Les quatre éléments de la philosophie naturelle - terre, eau, air, feu - parsèment les photographies de Claudio Capanna auxquels répondent les dessins de Julia Eva Perez (1984). Associée rapidement à ce projet, l'illustratrice française évoque «un attrait commun pour la texture, sensation physique, sensuelle, un déplacement vers une matière toujours plus présente, qui tend parfois vers l'abstraction». 

Mater. A la fois la mère, la force créatrice et la nature. Porosités. De l'un à l'autre. Mouvements de va-et-vient. Des paysages extérieurs, sauvages, doux ou rugueux, avec ou sans traces humaines; des paysages qui renferment des paysages intérieurs. La solitude initiale glacée fond au feu des rencontres. Mater est une exposition qui s'origine dans le désir des artistes de joindre deux médiums: la photographie et le dessin. Il s'agit d'un vrai dialogue entre deux techniques (l'image captée et l'image créée), deux univers, deux approches. Comme la rencontre de deux personnes qui donnent naissance à un enfant. La figure de l'enfantement revient d'ailleurs hanter l'exposition jusque dans sa scénographie qui amène le spectateur vers une approche de plus en plus sensorielle et intime. Il en va de même pour le choix quasi-exclusif du noir et blanc pour les œuvres présentées. Un noir et blanc qui répond au passage de l'obscurité intra-utérine ou des profondeurs de la terre, vers la lumière éclatante de la surface. Nul ne se souvient d'avant sa naissance, nul n'était présent avant la formation de notre terre. Ce blanc aveuglant et amnésiant se déploie également dans les réserves des dessins, ces espaces laissés délibérément vides, comme en attente mais pleins de potentialités. Pas de destin tout tracé dans le tracé du dessin mais la vie qui déborde comme la matière chimique et organique dégorge de la pellicule. 

Gatien Du Bois, commissaire d'exposition


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